Du 05 octobre au 16 décembre 2000


En 1924, André Masson dessine sa première maquette de théâtre, qu’Aragon conserva jusqu’à sa mort. Dés cette époque, le théâtre lui apporte ses sujets, ses thèmes ; on pourrait dire aussi : son mode d’expression, tant le geste du peintre (l’expression, le mouvement, la couleur) croisent la parole mouvementée du théâtre – vouée à la scène.
«Est ce que tout art n’entretient pas des rapports avec le théâtre ? Pour moi, l’acte même de la création est un drame ; toute ma peinture est action dramatique.» A. M

C’est ainsi que dans les années 30, allant de la bacchanale, de la vision dionysiaque aux combats humains, naîtront les «Tragédiens» au milieu de l’importante série de peintures intitulées «massacres».
Parallèlement, à la demande de Léonide Massine (une découverte de Diaghilev), il dessine les décors et les costumes du ballet «les Présages», danse expressive et passionnée sur une musique de Tchaïkovsky, où l’amour et la haine se rencontrent.
Masson réalise ainsi la transposition scénique de ses préoccupations de peintre en découvrant, dans le mouvement des décors et des costumes, l’unité expressive qu’ils composent avec les éléments évidemment dynamiques de la danse et de la musique.

En 1936, après deux années passées en Espagne , il rencontre Jean-Louis Barrault pour qui il réalisera de nombreux décors et costumes notamment «Numance», pièce de Cervantés.
A la suite de cette première expérience théâtrale, un besoin de mise en scène s’impose à Masson, où des machines fantastiques, des meubles extravagants font leur apparition . Dans ses tableaux, le peintre emprunte des thèmes à la scénographie en peignant des boîtes, cadrant et enfermant des paysages, ou des objets pour mieux y faire vivre ses métamorphoses.
Dans la scénographie d’une autre pièce, «La Faim» de Knut Hamsun, montée en 1938 par Barrault, il place aussi sur scène certains des meubles étonnants qu’il avait déjà représentés dans sa peinture.
Il travaille sur l’opéra de Darius Milhaud, «Médée», avant son exil aux États Unis et dés son retour en France en 1945 il crée les décors et costumes d’ «Hamlet» dans une traduction d’André Gide.


Installé à Aix-en-Provence dés 1947, il participera aux premières années du festival d’Aix avec notamment les décors et costumes d’«Iphigénie en Tauride», de Gluck.
La création en 1959 du Théâtre de France réunit de nouveau Barrault et Masson pour
«Tête d’Or» de Paul Claudel.
En 1962, il travaille sur «Wozzeck» de Berg, mise en scène à l’Opéra de Paris par Barrault, une des plus grande réussites de l’Après-Guerre.

Mais c’est André Malraux qui donne, en 1965, une conclusion grandiose et définitive à cette nécessité du théâtre dans l’œuvre de Masson, en lui confiant la décoration du nouveau plafond du Théâtre de l’Odéon.
«On ne peut se passer du théâtre ; en profondeur le théâtre est comme la vie, un mélange de farce, de comédie, de drame. Shakespeare à n’en plus finir…» A.M.